Chronique sentimentale
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THE UPSIDE OF ANGER

Mike Binder (USA 2005 - distributeur : Independent)

Joan Allen, kevin Kosner

118 min.
14 septembre 2005
THE UPSIDE OF ANGER

Le genre romanesque a et aura encore de beaux jours devant lui.

Quoiqu’en disent certains esprits chagrins qui déplorent l’invasion de la violence, de la sexualité et de l’irréalité scénaristique dans bon nombre de films qui sortent.

En est une preuve sur toile, « The Upisde of Anger », dont la traduction française « Les bienfaits de la colère » traduit imparfaitement le chemin qui va être celui de l’héroïne pour émerger de son propre cinéma intérieur et remettre à l’endroit une situation qu’elle a un peu trop intempestivement vécue à l’envers.

Je m’explique : le mari de Terry (magnifique Joan Allen vibrante de morosité et de désarroi) a disparu depuis 3 jours.

Terry en conclut que son époux l’a quittée pour aller rejoindre en Suède son amie.

Trois ans se passent durant lesquels elle se mure dans un chagrin ouaté d’alcool, ne sortant de sa détresse que pour des accès de colère vis-à-vis d’elle même, des autres et de ses filles qu’elle essaye d’ embarquer dans sa déprime de femme frustrée.

Sourde aux autres et devenant peu à peu une harpie névrosée et invivable, Terry va mettre du temps à se rendre compte qu’elle a, à ses côtés, pour l’aider avec distance amoureuse et humour bienvenu, un voisin interprété par un Kevin Kostner comme on ne l’avait plus vu depuis longtemps : juste, sensible et vulnérable.

Ledit voisin est un ancien joueur de base-ball, lui aussi pas mal blessé et amertumisé par la vie, mais qui pourtant a conservé une foi dans la capacité des êtres humains à tisser entre eux un lien de confiance et de tendresse.

Après 3 ans, coup de théâtre : Terry se rend compte que son mari n’est pas parti avec sa secrétaire mais qu’il est tombé dans un ancien puits et qu’il en est mort.

Cette fin peut évidemment indécrédibliser le film (les esprits ratiocineurs se diront mais en fait comment est-il possible qu’elle n’ait pas signalé aux autorités sa disparition ?) mais le propos du cinéma n’est pas d’être uniquement un reflet des attitudes de la réalité quotidienne mais de déplier les réactions possibles à un même fait.

Et l’une de ces réactions peut être (et est souvent d’ailleurs) de se réfugier dans un fantasme
et vivre ainsi l’ envers d’une situation sans se questionner sur son endroit.

« The Upside » est un film qui parle d’adultes avec humanité et lucidité.

C’est là une qualité suffisamment rare pour qu’elle éclaire ce petit film de série B d’une
aura de justesse qui pose un regard à la fois fraternel et pénétrant sur la difficulté à négocier avec équilibre émotionnel le tournant qui amène les quadras à l’aube de la cinquantaine.