Deux regards - deux opinions
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Coup de coeurTHE TREE OF LIFE

Terrence Malik (USA - 2011)

Brad Pitt, Jessica Chastain, Sean Penn, Fiona Shaw, ….

138 min.
18 mai 2011
THE TREE OF LIFE

The Tree of Life n’est certainement pas un film facile à recevoir. C’est le genre de film que l’on ne voit guère souvent sur les écrans, dont le flux rythmique défie les lois de la narrativité, au message grand, simple et fort à la fois.

A mon sens, il est un film courageux, utile, empli de mysticisme, d’une quête plus grande que l’humain, qu’un récit linéaire et habituel ne pourrait peut-être pas rendre dans son entière complexité. Il est bon de voir se renverser les schémas habituels des manières de filmer, de raconter, d’aborder les personnages qui n’en deviennent que plus vivants, palpables. Le retour au simple, à l’épisodique, aux tranches de quotidien se pose comme une manière de revenir à ce à quoi peut ressembler une traversée humaine. La grandeur dans toute sa splendeur rejoint l’humain, de la nature terrestre au cosmos immense, de la vibrance immense des sentiments humains capturés sur pellicule, accolés à la communion avec le plus vaste.

 

Le nouveau film de Terrence Malik n’est certes pas un film caressant les habitudes, il n’est pas facile à apprécier. L’envie de le voir se terminer sur l’écran géant peut se présenter, comme celle de le revoir surgir le lendemain matin, une fois qu’il a disparu du regard direct.

Il est de ces films qui restent dans les esprits, qui accompagnent dans l’inconscient bien après que la dernière image ait été projetée. Il est de ces films qui posent des questions sans vouloir dessiner les réponses, car la grande vérité semble relever de l’inaccessible, et essayer de la saisir apparaît vain. Pourtant, à côté de cette grandeur essentielle, il y a nos vérités d’ici-bas, nos quêtes et nos besoins de donner du sens, à l’amour, à la perte, au chemin de vie. D’apprendre et de transmettre, de passer le relais aux suivants tout en ayant rempli une part de la mission qui nous incombe.

Il y a quelque chose de grand, très grand, dans ce film hors du commun, si grand qu’il serait dommage de ne pas s’arrêter pour célébrer ne serait-ce qu’un cinéma différent, une proposition rare. Mais peut-être aussi n’est-ce pas la sensibilité du moment de faire face à ce type de questionnements, peut-être ne le sera-ce jamais, peut-être ces questions ne résonnent-elles pas, pas encore ou à jamais, ou qu’elles ne seront pas matière à la fécondité de la poursuite de la réflexion de la vision d’un homme mystique à qui l’embrassade du macrocosme ne fait pas peur.

En sortant, viendra peut-être un sentiment de gratitude envers un tel cinéaste, pour qui l’intérêt constant et éternel de saisir l’immanence et la transcendance des choses et des êtres s’accompagne de la conscience que seule la résonnance instaurée au cœur des êtres assis dans la salle pour les recevoir communique aux formes prenant corps sur la pellicule une vibrance plus métaphorique que leurs propriétés d’images.

(Ariane Jauniaux )