Drame familial
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Coup de coeurTHE SQUID AND THE WHALE

Noah Baumbach (USA 2005 - distributeur : Sony Pictures)

Jeff Daniels, Laura Linney, William Baldwin, Anna Paquin

80 min.
26 avril 2006
THE SQUID AND THE WHALE

Sous ce titre apparemment étrange (en français « La Pieuvre et La Baleine ») - qui rappelle le goût du réalisateur pour la vie sous marine, lui qui fut le scénariste du délirant « The Life Aquatic with Steve Zissou » de Wes Anderson - se niche une film grave et sensible.

La famille Berkman habite Slope Park, dans cette partie de Brooklyn où vivent les « bobos » des années 1980. Le père, Bernard, snob et pathétique, a été un écrivain qui a connu son heure de gloire. Son épouse, Joan, commence une carrière de romancière à succès et souhaite vivre à « ciel ouvert » sa vie de femme sexuellement libérée.
Ils vivent ensemble depuis 17 ans et ont 2 enfants, Walt (16 ans) et Frank (12 ans).

Un jour ils décident de se séparer et de pratiquer ce qui, à l’époque apparaissait comme « la » solution la plus à même de limiter les dommages collatéraux inhérents à tout divorce : la garde alternée des enfants et …du chat

Walt et Frank vont devoir, dans cette vie qu’ils n’ont pas choisi de voir partagée en deux, se trouver un nouvel équilibre et ce n’est pas parce que leur père va décorer son nouveau home d’affiches de « Psychose » ou de « The Mother and The Whore » et que leur mère va leur accorder une certaine liberté de paroles et d’actions qu’ils vont accepter, sans remous internes et externes, cette situation nouvelle.

Cette adaptation à un nouveau mode de vie passera par des explorations de territoires nouveaux - la masturbation, la boisson, le plagiat musical, le dépucelage - qui les laisseront encore plus blessés et solitaires.

Ce film est une petite merveille de violence et de tendresse, de crudité et de raffinement (on lit du Saul Bellow, du Dickens mais on laisse sur les couvertures des livres des traces onanistes).

Est-ce parce qu’il est en partie autobiographique qu’il évite les pièges qui plombent d’un trop de quelque chose les œuvres qui traitent du même sujet ?
Trop de démonstration dans « Kramer vs Kramer », trop de complication dans « Un week-end sur deux », trop de légèreté dans « Mercredi, une folle journée » et trop de noirceur dans « Dark Water ».

« The Squid » est si vraisemblablement près de ses personnages que nous les sentons presque respirer. Le talent des interprètes est pour beaucoup dans cette sensation de proximité et de justesse. 
Ce qui leur arrive est à la fois poignant et tragi-comique, de ce comique qui désamorce la montée d’une émotion vers les larmes parce qu’il rappelle que les sentiments les plus contradictoires peuvent être unifiés si ceux qui les éprouvent ont encore suffisamment de respect et d’affection les uns pour les autres. (m.c.a)