Liv Tyler, Edward Norton, Tim Roth, William Hurt
Après l’échec commercial de la première adaptation cinématographique de Hulk par Ang Lee, les studios Marvel confient à Louis Leterrier le soin de réaliser le deuxième opus de la série. Malheureusement, ce choix est plutôt regrettable.
Tout le caractère référentiel à l’œuvre de Ang Lee disparait ici. Il n’est en effet plus question de travailler l’esthétique du film en renvoyant au comics originel, comme Lee l’avait fait par une utilisation inventive du split screen et par un design du super héros totalement cartoonesque.
Au contraire, l’accent est mis sur une recherche de réalisme accru, avec un Hulk vérisimilaire et des effets spéciaux s’attachant uniquement à rendre plus crédible les transformations de l’homme à la bête.
Du coup, toute inventivité disparait. Il ne reste qu’un film sans aucune originalité, où l’on nous réchauffe un propos tiède et mou. Les réflexions de nature philosophique quant à la colère et la destruction initiées par Lee sont supprimées au profit d’une escalade de combats sans intérêt et d’une multitude d’explosions qui ne cessent d’irradier le film.
Il ne s’agit plus ici que du duel entre deux super héros qui de façon paradoxale ne semble avoir qu’une idée en tête : mesurer leur masculinité, leur virilité, objectif relativement pauvre pour des personnages, qui, par définition, devraient se placer à niveau autre que l’homme ordinaire, en raison de leurs super pouvoirs.
Au lieu de tirer profit visuellement comme narrativement de cet atout non négligeable, Louis Leterrier choisit de tout miser sur des combats explosifs et démesurés en reprenant à zéro le récit de Hulk.
Il réalise ainsi un Reboot décevant, qui n’apporte rien au personnage et au contraire l’enferme dans un stéréotype de super héros bienveillant mais torturé.
Uniquement centré sur l’idée de faire de Hulk une sorte de Docteur Jekylll et Mister Hyde peu convaincant, le film oscille entre des moments lents et ennuyeux où le personnage principal essaie de trouver un remède à sa « maladie » et des épisodes de combats virils où les explosions fusent de toutes parts. Le scénario entier alterne entre ces deux typologies, sans jamais être inventif.
Malheureusement, les acteurs ne parviennent pas à sauver le film. Liv Tyler fait vaguement penser à Zoeey Deschanel dans « The Happening », affichant un regard désespéré mais aussi désespérément vide du début la fin. William Hurt n’est que sévérité et rigidité, sans aucune nuance. De la même façon, Tim Roth n’est que nervosité et tension.
Enfin, on déplore à nouveau la présence d’Edward Norton dans un film d’une qualité aussi médiocre [1], alors qu’il y a quelques années, c’était peut-être un des acteurs les plus prometteurs de sa génération.
Louis Leterrier signe avec « The Incredible Hulk » un film sans envergure ni charisme, à l’instar de ses précédentes réalisations. [2]
Une chose est sûre, si on ne prend aucun plaisir à la vision de ce film, il est certain que les fans de ses précédents films apprécieront celui-ci.
Faut-il, au nom du 7ème art, s’en réjouir ? (Justine Gustine)
[1] Un de ses derniers films en date est « The Illusionist », film plus que moyen où sa performance était plutôt décevante.
[2] « The Transporteur » I et II ainsi que « Danny The Dog ». Leterrier fait partie des personnes travaillant dans l’entourage de Luc Besson. Après avoir été assistant réalisateur de Jean-Pierre Jeunet sur « Alien, the ressurection », il fut assistant de Besson sur de nombreuses publicités ainsi que sur « Jeanne D’arc ».