Catherine Deneuve, Catherine Frot, Olivier Gourmet
Claire (Catherine Frot) est sage-femme. Indépendante, organisée, un tantinet rigide, cette femme de principes élève seule son fils. Généreuse et humaine, elle prend très à cœur son métier et refuse de se laisser embarquer dans l’industrialisation du système hospitalier qui se profile à l’horizon et qui serait contraire à ses valeurs ainsi qu’à sa manière de travailler. Sa petite vie bien réglée va toutefois être bouleversée par l’arrivée de Béatrice (Catherine Deneuve), ex-compagne de son père, femme aussi extravagante que désargentée, qui a toujours vécu au jour le jour pour elle-même et tente de renflouer ses comptes en jouant au poker, cigarette au bec. Attifée de luxueux vêtements qui lui donnent une allure aussi classe que vulgaire, Béatrice aime la bonne chère tout autant que les grands crus, et détonne à côté de Claire, qui porte invariablement le même imperméable quelle que soit la météo, et s’abstient de boire de l’alcool, élixir qui la grise dès la première gorgée avalée.
La genèse de ce scénario est touchante puisqu’en écrivant et en réalisant ce film, Martin Provost a tenu à rendre hommage à la sage-femme qui l’a mis au monde et lui a sauvé la vie en faisant don de son sang (fait dont il ignorait toute la gravité jusqu’il y a deux ans). En réunissant pour la première fois à l’écran deux actrices dont le talent est indiscutable mais qui n’ont guère déplacé les foules à la Berlinale où le film était projeté hors compétition, le cinéaste crée également un petit événement franco-français. L’alchimie qui se développe progressivement entre ces deux personnages attachants au tempérament antagoniste(qui s’inspire de manière assumée de la fable de La Fontaine, « La Cigale et la Fourmi ») est aussi susceptible de charmer, le temps d’un dimanche soir pluvieux, un public à l’humeur indolente, qui ne cherche pas à s’interroger trop longuement sur la définition de la sagesse.
Sans être déplaisant, « Sage femme » est donc loin d’être un chef d’œuvre, et il y a fort à parier que si ce film n’était pas porté par le duo Frot-Deneuve, il aurait pris des allures de téléfilm.
(Christie Huysmans)