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MR NOBODY

Jaco Van Dormael (France Belgique Canada Allemagne 2009 - Distributeur: Belga Films)

Jared Leto, Diane Kruger, Sarah Polley, Linh Dan Pham, Rhys Ifans, Juno Temple

158 min.
13 janvier 2010
MR NOBODY

I’m Nobody ! Who are you ?
Are - you - Nobody - Too ?
Then there’s a pair of us - Don’t tell !
They’d advertise - you know !
How dreary - to be - Somebody ! [Emily Dickinson]

Février 2092, Némo Nobody a 120 ans, il est le dernier mortel d’un monde peuplés d’immortels. Au travers d’une séance d’hypnose, il se remémore sa vie... la réelle, la rêvée, la possible ? Peu importe, une chose est certaine : le destin de Némo Nobody s’est joué sur le quai d’une gare lorsqu’il avait 8 ans ... Et vous ? c’était où ?

Le film aurait pu avoir pour sous-titre : Etude sur le temps humain . Mr Nobody impressionne par son ambition - par sa capacité à étendre les frontières du cinéma belge jusqu’à la planète Mars ! Récit labyrinthique, récit d’initiation ... une sorte de Némo au pays des merveilles , synthétisant comment les découvertes de la physique quantique affectent notre compréhension de ce monde en nous et hors de nous.

Film éclaté, c’est le moins qu’on puisse dire...déconcertant c’est certain...pas la peine d’essayer de vous en restituer une unité...c’est impossible. Après un moment pourtant on lâche prise, tant les allers-retours de Némo nous font entrer dans le film comme dans un être en expansion qui éclate en mille fleurs et nous fait parcourir toutes les lignes du temps qui coulent en lui. Mais ce parcours ne nous entraine pas vers une fin qui expliquerait enfin "Qui" est Némo Nobody mais vers un extrême éclatement, qui ouvre à la rencontre...l’annonce d’un passage dans une autre dimension du temps....dont le cinéma semble l’incontournable allié.

Réflexion sur la mémoire, l’identité, notre perception du vivant....sur le cinéma aussi. Le monde tel que perçu est-il le fruit de nos narrations, de nos constructions imaginaires intimes ? " Oui " ! dit Némo Nobody. Comme le cinéma, la vie est un état, une expérience qu’il faut parcourir et partager.

Jaco Van Dormael nous offre un manifeste renouvelé pour une imagination au pouvoir, faisant du cinéma et de l’image le lieu de cette révolution ! Brouillant définitivement les "frontières" entre le réel et l’imaginaire, le cinéaste donne à l’homme sa véritable liberté dans la création de son monde et de son affectivité. Et ce qui nous conduit à travers ce labyrinthe - c’est bien la sensibilité : aimer et être aimé et lorsque Némo retrouve enfin l’amour de sa vie dans une dimension du temps, il peut alors enfin mourir à celle-ci.

Mais cette mort n’est pas la fin... " Il se mit à rire pour libérer son esprit de sa servitude mentale "... plutôt un commencement, le point de départ d’une remémoration de tous les moments de partages de son existence. Et le cinéaste à l’art de filmer les moments magiques de douceur, de timides approches des corps, de passions innocentes, d’émotions partagées, des infimes caresses du cœur, d’un "je t’aime" murmuré comme une clef ...

La vie ne vaut rien rien ... semble murmurer Jaco Van Dormael, mais rien rien ne vaut la vie ajoute Némo No-body avec le rire émerveillé de ses 120 ans quand enfin il découvre que la réalité n’est que le choix d’une des multiples portes qui restent toujours ouvertes. (Ldj)

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