Coup de coeur
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Coup de coeurMOBILE HOME

François Pirot (Belgique 2012)

Martine Salée, Arthur Dupont, Guillaume Gouix, Jackie Berroyer, Jean-Paul Bonnaire

90 min.
22 août 2012
MOBILE HOME

Should I stay ou should I go ? - titre d’une chanson de "Clash" (*) qui résume simplement mais justement le propos du premier long métrage du scénariste de deux films de Joachim Lafosse (« Nue-propriété », « Elève libre ».) et de la première oeuvre pour grand écran de Nicolas Provos ("The invader").

Ou encore de la force schizophrénique des oxymores, ces alliances de mots contradictoires dont l’énoncé à lui seul suggère la tension, le questionnement voire le conflit.

Ainsi le « Mobile home » à la fois appel vers des ailleurs supposés meilleurs et à la fois attraction pour un centre de gravité connu mais redouté pour sa monotonie, sa puissance répétitive et limitative.

Julien et Simon sont deux trentenaires, amis depuis toujours. Angoissés par une vie amoureuse et professionnelle sans relief et perspective, ils projettent d’acheter un camping car qui les emmènera vers des inconnus aux couleurs qu’ils veulent inventives et pleines de promesses.

Ils apprendront très vite que l’on ne se débarrasse ni de la réalité que l’on veut fuir ni de ce que l’on est en s’embarquant vers des territoires nouveaux.

Chouette surprise par le regard attachant et tendre qu’il pose sur ses personnages un peu paumés, un peu déjantés, « Mobile home » séduit par la belle lumière qui l’habite.

Cette lumière qui non seulement donne aux paysages wallons une beauté magique et inspirante - la référence à Bouli Lanners est incontournable - mais encore procure au spectateur un inattendu apaisement.

Parce qu’il intuitionne que les problèmes rencontrés par le duo en goguette, leurs parents et leurs amours même s’ils sont graves - la maladie, le vieillissement, la peur de la solitude, la difficulté à trouver sa place dans le monde des adultes - trouveront une résolution.

Actionnée par un sentiment que le cinéma ne privilégie que trop rarement : l’affection.

Cette affection qui sans effets de manches et paroles mielleuses permet de se comprendre et de s’aider.

Avec délicatesse, générosité (métaphorisée par le recours généralisé aux plans larges) et sensibilité. Toutes les trois déclinées sur un mode léger, parfois burlesque, dont l’intention de fraternité bienveillante dérape souvent vers un décalé involontaire qui surgit, tel un sourire inattendu, des situations les plus banales.

Certains doivent partir loin pour tenter de se trouver. D’autres trouvent sens à leur vie en restant sur place.

Ce n’est pas le moindre mérite de « Mobile home » de rappeler que les deux options existent.

A nous de choisir celle qui nous convient.

Hirondelle migratrice ou moineau sédentaire ? (mca)

(*) Album "Combat rock" de 1981