MIRRORS

L’inquiétante étrangeté. C’est sur ce registre que joue Alexandre Aja pour pousser le spectateur dans l’abîme de la peur.

Car la véritable frayeur vient sans doute de ce que l’on connait le mieux. Des éléments qui peuplent notre quotidien, que l’on ne remarque même plus. Et qui soudain attirent notre attention parce que quelque chose en eux s’est modifié. C’est infime, presque pas définissable, et pourtant on ressent une gêne indescriptible.

Se centrant sur les miroirs, ces objets devenus tellement important dans nos sociétés complaisantes, Aja crée une intrique bien ficelée. Même s’il est vrai qu’il n’y rivalise pas d’originalité, le réalisateur organise son récit de telle manière que le suspense ne baisse jamais, tenant le spectateur en halène du début à la fin.

Jouant sur la déformation de ce reflet que l’on contemple si souvent, il crée des images impressionnantes où celui qui regarde n’est plus le double connu, mais un autre, démoniaque et malfaisant.

Cela donne lieu à des situations pour le moins choquantes, tant au niveau de ce que les personnages y subissent qu’au niveau de l’image même. Certaines scènes sont presque insoutenables, montrant l’impossible avec une réalité qui révulse.

Cela vient sans doute du choix opéré par Aja de privilégier des effets spéciaux réalisés sur le plateau plutôt que de les créer de façon numérique. Usant de maquillages et de prothèses terriblement réalistes, il conçoit un univers d’angoisse plus palpable, qui a plus de forme, de relief que ce que les réalisations numériques ne peuvent offrir.

Et qui du coup bouleverse bien plus. Parce qu’il touche le spectateur dans la chair même.

« Mirrors » est donc un très bon film de genre, qui joue le jeu du surnaturel, sans versé dans l’excès.

Un film qui ravira les amateurs du genre. Et qui forcera les autres à adopter un regard neuf sur les miroirs qui les entourent. (Justine Gustin)

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