Comedie satirique
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Coup de coeurLITTLE MISS SUNSHINE

Jonathan Dayton et Valérie Faris (USA 2006 - distributeur : 20th Century Fox)

Tony Collette, Steve Carell, Greg Kinnear

100 min.
29 novembre 2006
LITTLE MISS SUNSHINE

Il peut arriver, le temps d’un film, d’éprouver vis-à-vis de ses personnages un élan d’affection sincère. Il peut même arriver que cette sympathie se prolonge après la vision vous rendant à la fois attendri, content et enchanté d’avoir rencontré des gens qui pourraient facilement devenir vos copains si vous les rencontriez dans la vie réelle parce qu’ils réussissent à vous planter dans le cœur un « rayon de soleil »

Les Hoover sont 6 : le grand-père qui sniffe de la cocaïne et aime les revues pornographiques, le père qui attend, passivement, un chèque promis par son éditeur, le fils adolescent qui a fait vœu de silence jusqu’à la réalisation de son ambition : devenir pilote de chasse, l’oncle, homosexuel, qui sort d’une TS (tentative de suicide) après un chagrin d’amour, la mère hyper dévouée aux siens et la petite fille de 7 ans, boulotte et charmante, dont le rêve est de devenir la Miss America des enfants.

Pour permettre à Olive d’être élue Little Miss Sunshine, les Hoover se rendent, dans leur vieux minibus, du Nouveau Mexique en Californie, odyssée au cours de laquelle seront écornés les différents credo qui fondent une Amérique conformiste et accrochée à son obsession de la compétition dont il faut sortir vainqueur.

Les Hoover ne sont pas des « winners », ils sont bien plus que cela. Ils sont des supporters
les uns des autres redorant l’idée d’une famille solidaire qui est là pour soutenir chacun de ses membres en difficulté. Pas étonnant dès lors qu’Aldo Naouri, le pédiatre bien connu, y ait vu un film fondé sur l’idée que le meilleur moyen de faire d’un enfant un adulte de qualité est de l’aider à devenir, même lors de circonstances jugées scandaleuses, l’acteur libre et autonome de sa propre histoire.

« Little Miss Sunshine » est un hymne à la vie, celle qui mélange les genres - Proust et Nietzsche y côtoient Penthouse et la littérature New Age -, qui est parsemée de grandes et petites péripéties, de fantaisies et de souffrances, de malentendus et de réconciliations.

Après avoir, pendant de longues années, réalisé des clips pour les Red Hot Chili Peppers ou Oasis, les époux Dayton-Faris réussissent, haut la main, leur passage au long métrage. Si leur film fonctionne, donnant à la fois une impression de liberté et générosité, c’est parce que la famille de barjots (*) qu’il met en scène possède une vérité émotionnelle en laquelle chacun peut se reconnaître. La dose de rébellion qu’il distille, avec drôlerie et chaleur, rend joyeux et plein d’espoir : oui il est possible, dans ce monde névrotiquement narcissique, de tracer son propre sillon qui ne fera peut être pas de vous une Miss Beauté mais qui vous décernera une couronne mille fois plus précieuse : celle de vous savoir aimé pour ce que vous êtes. (m.c.a)

(*) interprétés par des acteurs qui sont tous épatants et délicieusement romanesques.