Comédie
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LEATHERHEADS

George Clooney (USA 2008 - distributeur : Upi)

Renée Zellweger, George Clooney, John Krasinski, Jonathan Price

114 min.
23 juillet 2008
LEATHERHEADS

Après avoir exploré les années 1970 [1] et les années 1950 [2] au travers de ces deux premières réalisations, Georges Clooney nous propulse cette fois dans les années 1930.

Si dans ces deux précédents films, il avait choisit de traiter ses époques sur un ton sérieux, parfois même grave, il opte avec « Leatherheads » pour un style tout autre, en réalisant une comédie romantique largement inspirée par la Screwball Comedy américaine, qui connu ses heures de gloire des années 30 aux années 50, avec comme figures de proue Frank Capra et Howard Hawks[3].

« Leatherheads » est en effet une comédie dont les ressorts humoristiques se basent autant sur un comique de situation, avec des personnages loufoques, des rencontres insolites et des positions farfelues, que sur un comique de la parole. Les dialogues fussent entre les protagonistes à une vitesse effrénée. Tourbillon de mots bien placés, ils se jouent autant de l’ironie que du second degré.

Choisissant comme toile de fond le football américain devenant peu à peu une discipline sportive à part entière, Clooney nous conte une part de l’histoire de son pays. Une parcelle historique, dans le sens où il décortique le processus qui a amené au sport que l’on connait actuellement. Un chemin de traverse de l’Histoire, qui s’il ne mène pas aux grands événements, explique néanmoins une partie de l’imaginaire américain.

Le souci est que ce sport, tellement adoré outre Atlantique, est relativement peu connu en Europe. Du coup, il y a comme une distance face à ce récit, comme une sensation d’étrangeté vis-à-vis de cette histoire qui n’est pas la nôtre, qui ne fait pas vraiment partie de notre patrimoine.

Bien sûr, l’histoire du football américain n’est pas l’unique thématique du film. « Leatherheads » est aussi, et peut-être avant tout, une comédie romantique s’appuyant sur un trio amoureux, situation très souvent usitée dans la screwball comedy, qui offre moult occasions cocasses.

Cependant, ce récit amoureux n’est que peu convainquant. D’une part parce que les personnages tels qu’ils sont présentés au départ semblent déjà comblés. On a du mal à comprendre pourquoi ils se compliquent la vie et cherchent tellement à la modifier.

D’autres part, un autre élément dérangeant est la prestation de George Clooney, tellement excessive qu’elle en devient rebutante, énervante. Poussant son attitude de cabotin à l’extrême, il en devient un personnage plus que stéréotypé, qui ne fonctionne que par sourires charmeurs et clins d’œil appuyés. Tellement forcé que cela en devient très rapidement lassant.

Et puis il y a ce goût de désuet. Cette impression indescriptible de suranné à la vision de ce film.

Est-ce la mise en scène cherchant ostensiblement à reproduire le point de vue des films des années 30 ? Est-ce la reconstitution historique, qui, étant si parfaite, a un goût de faux. Est-ce la présence de nombreuses photographies sépia reprenant les moments clés du récit qui engendre une certaine sensation de pétrification, de mortification ?

Difficile à dire.

Toujours est-il qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas avec « Leatherheads ». Il ne nous emporte pas. Il ne nous enivre pas. On reste froid en face de ce film, pas assez humoristique pour nous faire rire, pas assez grave pour nous toucher. (Justine Gustin)

 
[1] « Confessions d’un homme dangereux »
[2] « Good Night, and Good Luck »
[3] Avec notamment des films comme « Arsenic et vieilles dentelles » ou « L’impossible Monsieur Bébé »