Jean-Pierre Darroussin, Gérard Darmon, Marc lavoine, Bernard Campan
Le cœur des hommes est à la mode. Dans les librairies et sur grand écran. Dans les librairies, le psychanalyste Serge Hefez, à partir des vignettes tirées de sa pratique, se demande (*) quelles sont les lignes de force et fragilités des « vires » d’aujourd’hui.
Sur la toile, Marc Esposito propose une rallonge à la comédie dans laquelle, il y a cinq ans, causaient, batifolaient, aimaient, s’amusaient, doutaient, conquéraient quatre compères-complices auxquels ne manquaient ni tendresse ni humour.
On s’apprêtait à les revoir avec le sentiment de satisfaction que procure, en fin de journée, le plaisir de retrouver sa paire de charentaises. Non pas parce qu’elles sont belles mais parce qu’elles sont confortables. Il suffit de les enfiler (sans jeu de mots) pour qu’immédiatement le cerveau soit en apnée et les nerfs reposés.
Hélas point de charentaises mais une paire de lourdes galoches. Dopé au viagra et à la bonne chair (avec jeu de mots), « Le cœur …2 » n’hésite pas. Il fonce vers le caricatural pathétique et détestable. Qui flirte avec une misogynie qui ne se dit jamais mais rampe, en sournoise mérule, derrière les fronts (et affronts de ces messieurs) qui confondent le coeur d’artichaut et le sexe volage.
Face à Alex, Antoine, Jeff et Manu, quatre femmes trompées ou infidèles, aveugles ou compréhensives, castratrices ou passionnelles. En tout huit adultes censés représenter la France du milieu, celle qui gaine la gaudriole de gauloiserie et croit sauver l’égoïsme des attitudes et des sentiments par quelques drôleries.
De ce naufrage, est à sauver un Jean-Pierre Darroussin, qui, ô miracle, arrive à sauver la donne d’un film ou les hommes sont immatures (**) et les personnages féminins esquissés sans nuance.
S’il arrive à Esposito de toucher juste, c’est toujours sans légèreté et sans ironie. Avec une complaisance et une vulgarité qui finissent par irriter.
Vraisemblablement parce qu’il manque au « Cœur …2 » ce qui faisait le charme du quatuor féminin de la série télévisée produite par HBO « Sex and the city » : l’impertinence.
Sans elle, " Le cœur… " se noie sous la platitude, la facilité. Manquant de ce ressort pétillant qui donnait à la bande de potes d’ « Un éléphant çà trompe énormément » d’Yves Robert la saveur du champagne, il a le goût d’un cidre de médiocre qualité qui pourrait se transformer en piquette indigeste dans un « Cœur…3 ». (m.c.a)
(*) paru aux éditions Hachette
(**) le magazine "Talkies" de ce mois d’octobre propose en article de fond une réflexion sur le sujet suivant : « Mannen worden nooit adulten » - Esposito peut y être cité comme témoin à charge.