Loubna Azabal, Saleh Bakri, Ayoub Missioui
Au Maroc, dans la médina de Salé, vivent Halim et Mina, ils possèdent un négoce de caftans. Un couple au long cours, mariés de puis plus de vingt ans. Un quotidien paisible, une complicité toujours présente. Halim fabrique des caftans, sans machines, à la main… un artisanat en voie de disparition. Au plus près des doigts qui cousent, la caméra nous dévoile la richesse inouïe des tissus, la magie des fils d’or qui se métamorphosent en broderies fascinantes… L’écran en est envahi. Mais petit à petit, cet univers sans histoires se fissure. Mina tombe gravement malade, Halim engage un apprenti. Et c’est alors que sous les apparences, se révèle ce que Halim a essayé de dissimuler toute sa vie : ses véritables attirances, ses désirs, une homosexualité inconcevable dans sa société. Quasi sans mots, dans des silences habités, nous assistons à la naissance de la relation amoureuse entre Halim et l’apprenti. Et aussi, graduellement, à la compréhension et à l’acceptation par Mina. Mina, qui proche de la mort, s’octroie le luxe d’enfreindre quelques interdits d’une société cadenassée. Mais ce qui nous touche le plus et nous émeut au plus profond, c’est la manière dont les trois interprètes expriment tous les non-dits, rien que par quelques gestes et d’infimes variations d’expression. Quel est leur secret ? Comment parviennent-ils et elle à doser aussi justement et subtilement toutes les nuances des sentiments ? L’art du comédien bien sûr, mais pas que… Probablement aussi une direction d’acteurs magistrale.
Un film exceptionnel , tant il est rare de ressentir avec une telle intensité une telle gamme d’émotions filmées avec autant de retenue et d’autant plus bouleversantes.
Tessa Parzenczewski