Adaptation d’un livre
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LA SOLITUDE DES NOMBRES PREMIERS

Saverio Costanzo (Italie 2010)

Alba Rohrwacher, Luca Marinelli, Maurizio Donadoni, Isabella Rossellini, Filippo Timi

118 min.
9 février 2011
LA SOLITUDE DES NOMBRES PREMIERS

Le jeune réalisateur Saverio Costanzo prend le risque, avec son troisième long métrage, d’adapter pour le cinéma le roman de Paolo Giordano (*). Comme il arrive souvent, bien que l’écrivain ait participé à l’écriture du scénario, certains lecteurs seront quelque peu déroutés.

Présenté à la Mostra Internazionale d’Arte Cinematografica di Venezia, le film est merveilleusement interprété par la jeune Alba Rohrwacher ( Io sono l’amore et Cosa voglio di più ) qui perdra treize kilos pour « entrer dans la peau » d’Alice (**) et Luca Marinelli (Mattia) qui, quant à lui, prendra du poids pendant son séjour en Allemagne.

Et pourtant le film n’arrive malheureusement pas à faire vibrer les cordes de l’âme.
Froide, voire glaciale, l’histoire de ces nombres premiers flotte sur la surface de l’eau sans jamais y pénétrer.

Par crainte de trahir l’esprit du roman, Costanzo, impeccable dans la forme mais inconsistant dans le fond, trahit les attentes d’un public sincère qui en attend davantage.

Nous ne faisons que suivre Alice et Mattia, les témoins de deux drames différents dont ils portent encore les signes perceptibles sur leur corps et dans leur âme.

Nous les suivons dans cette chorégraphie irréfrénable, dans un crescendo musical digne des films de Dario Argento, vers un labyrinthe d’images qui n’est que l’expression des murs et des obstacles qu’ils ont eux-mêmes érigés autour de leur solitude.

« Les nombres premiers jumeaux » écrit Giordano « ce sont des couples de nombres premiers voisins, ou plutôt presque voisins, car il y a toujours entre eux un nombre pair qui les empêche de se toucher vraiment » et ainsi Alice et Mattia, à l’instar des lignes parallèles qui se rejoignent à l’infini, s’effleurent mais sans jamais se toucher.

Et nous, envahis par ce sentiment de solitude, nous restons assis et impuissants devant l’impossibilité de saisir ce qui se cache derrière ces sentiments dramatiques. (Lucia)


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(*) "La solitude des nombres premiers" de Paolo Giordano / Éditions du Seuil (Prix Strega en 2008, équivalent du prix Goncourt)

(**) Prix du meilleur second rôle féminin à la Mostra Internazionale d’Arte Cinematografica di Venezia