Déception
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L’AGE DES TENEBRES

Denys Arcand

Diane Kruger, Emma de Caunes, Marc Labrèche

111 min.
3 octobre 2007
L'AGE DES TENEBRES

« L’âge des ténèbres » ou l’engourdissement d’un cinéaste.
Le dernier Denys Arcand n’est pas décevant dans l’absolu, il est décevant dans le relatif. Par comparaison avec ses deux films précédents (*), qui avec celui-ci, forment une trilogie sur un Canada qui n’est plus celui de la bohème généreuse de Félix Leclercq mais d’une modernité proprette, capitaliste et soucieuse de correction.

Jean-Marc, pour échapper à sa vie médiocre, s’invente une existence colorée et kaléidoscopique. Lui suffira-t-il, pour sortir de son insatisfaction dépressive de quadragénaire de se rêver au gré de ses fantasmes, écrivain à succès, preux chevalier ou Casanova ?

Rien de bien neuf dans ce scénario qui rappelle, en moins rigolo, les aventures de Jean-Paul Belmondo qui, dans « L’incorrigible » de Philippe de Broca, s’évade de l’insignifiance des polars qu’il écrit, en s’imaginant en agent secret séduisant et redoutablement efficace.

Dans « L’incorrigible », on rit beaucoup. Dans « L’âge… », malgré les efforts et la bonne volonté de Marc Labrèche, célèbre animateur sur Radio Canada et acteur dans « Le cœur a ses raisons », une série télévisée qui pastiche le pire des soaps américains (**), on se déride rarement.

Denys Arcand avait su, jusqu’à présent, maquiller d’impertinence et de drôlerie, les pertes d’illusions de ses personnages.

Mais quand l’amertume l’emporte sur le cynisme, le pathétique sur l’émotion et le sarcastique sur l’humour, on se lasse et on se fiche de ce qui arrive aux héros. Même la description d’une société aux arcanes administratives compliquées finit par ennuyer, parce qu’on ne va pas au cinéma pour retrouver, sans une goguenarde mise à distance, ce que l’on peut expérimenter dans la vie de tous les jours.

La mise en scène quelconque et des acteurs sans grâce n’aident en rien le film à sortir de son chaotique vague à l’âme

Portrait d’existences banalement coincées entre mirage et réalité et description sans finesse des caractères féminins, « L’âge.. » pèse lourd. Du poids de ténèbres que ne visite plus la gaillardise de la sympathique et bavarde troupe du "Déclin de l’empire américain". (m.c.a)

(*) « Le déclin de l’empire américain » (1987) et « Les invasions barbares » (2003)
(**) « Top model » et « Les feux de l’amour »