Docu-fiction
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JEWISH CONNECTION

Kevin Asch (USA 2010)

Jesse Eisenberg, Justin Bartha, Ari Graynor

89 min.
9 février 2011
JEWISH CONNECTION

Que voilà un film drôlement bien troussé

Apportant un démenti « historique » aux propos d’Eric Zemmour, condamné récemment par le tribunal correctionnel de Paris, selon lesquels « la plupart des trafiquants sont des Noirs et des Arabes ».

Dans les années 1990, un trafic de pilules d’ecstasy ramenées d’Amsterdam vers les Etats-Unis par de jeunes juifs orthodoxes new-yorkais , instrumentalisés par des barons de la drogue, était démantelé par la police.

Pour raconter ces aventures, mélangeant pour les uns l’amour de l’argent et pour les autres l’envie de sortir d’un milieu suffocant sous les mystères et interdictions du Talmud, le réalisateur - dont c’est la première oeuvre - a fait choix d’un style qui percute par son mordant, son efficacité et son ironie.

Aidé dans son entreprise par un acteur au talent épatant. Fait de fragilité et d’intelligence.

Jesse Eisenberg - l’avatar cinématographique de Mark Zuckenberg, le créateur (officiel) de Facebook, dans « The social network » de David Fincher - qui rappelle ici la fragilité de Tobey Maguire et la détermination du Tom Cruise de « Risky business » avant sa chute dans la soupe d’un Hollywood conventionnalisé et scientologisé.

Plongée à la fois humaniste et parodique dans le milieu hassidique de Brooklyn, « Jewish… » est aussi un regard sur la relation complexe et aimante entre un père et un fils bousculés, malmenés par une tradition pesante et qui semble, aux yeux des profanes, aussi incompréhensible que ringarde et dangereuse.

Parce qu’elle rappelle que tous les déguisements, qu’ils soient habits de moines, burquas ou redingotes noires des lévites, peuvent être des prisons. Avant de devenir des trompe l’œil et des appels à la transgresssion.

« Jewish… » est un film bien balancé.

Entre deux « fléaux ». Celui de la drogue chimique et celui de l’addiction religieuse.

Le propos n’est pas neuf mais il démontre que Marx n’est pas tout à fait mort : l’opium reste la religion du peuple. (mca)