Chronique familiale
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I WISH

Hirokazu Kore-Eda (Japon 2011)

Nene Otsuka, Kirin Kiki, Ya Odagiri, Oshiro Maeda

128 min.
25 avril 2012
I WISH

Interrogé par le magazine français Telerama, en juin 2010 sur son parti prix de filmer l’invisible, le cinéaste Kore-Eda à la question « un gros plan qui vous bouleverse ? », répond celui du « visage de Jean-Pierre Léaud dans la dernière scène des « 400 coups » de François Truffaut ».

Réponse qui n’est pas une surprise quand on sait combien l’œuvre du cinéaste japonais reflète un intérêt pour les chroniques familiales dans lesquels les jeunes enfants et adolescents ont un rôle essentiel.

« I wish » c’est l’histoire de deux frères séparés l’un de l’autre de plusieurs centaines de kilomètres suite à la séparation de leurs parents. Ils décident d’entamer un voyage pour se retrouver. Cette équipée, ils ne la vivront pas seuls mais en compagnie d’amis de leur âge, tous mus par l’envie de voir un de leurs souhaits se réaliser.

Il y a dans ce récit quelque chose d’aéré, de subtilement positif comme une promesse de bonheur qu’on ne trouve pas dans les films précédents du réalisateur plutôt marqués par le deuil, l’abandon, la culpabilité.

La désillusion, l’irresponsabilité parentale et le chagrin silencieux.

Mais il y a aussi cette attention aux petits détails du quotidien, cette discrétion émotionnelle, ces jeux décalés de cadre, cet humour léger auxquels on est habitué et qui donnent à la façon de raconter de Kore-Eda une touche personnelle et attachante.

Faite de poésie, de justesse et de tendresse pour ses personnages - raisons pour lesquelles il est souvent comparé à l’un de ses (nos) maîtres, Yazushiro Ozu.

Même si « I wish » n’a pas la force poignante de « Nobody Knows » ou la calme désespérance de « Still walking », il réussit à traduire, avec simplicité et un charme dû au naturel de ses jeunes acteurs le séisme que constitue pour les enfants le divorce de ceux auxquels ils doivent la vie.

Et le besoin, pour accepter une situation qui les laisse désemparés, de croire sinon à un miracle du moins à une espérance.

En un demain qui pourrait être celui de la fratrie, sinon de la famille, réunie. (mca)