Au bonheur des tout petits
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HAPPY FEET

George Miller (USA/Australie 2006 - distributeur : Warner Bros)

VO les voix de Nicole Kidman, Hugh Jackman, Elijah Wood, Robin Williams
VF les voix de Marion Cotillard, Sophie Marceau, Kad Merad

87 min.
6 décembre 2006
HAPPY FEET

Les enfants sont gâtés en décembre. Saint Nicolas, le père Noël et entre les deux, ces nouveaux Dieux que sont les studios de cinéma pensent à eux.

Au programme de cette année une visite des égouts londoniens en compagnie de Rody, Rita et d’une centaine de muridés dans « Flushed City » de David Bowers et Sam Fell, les créateurs de Wallace et Gromit qui ont choisi de délaisser la pâte à modeler au profit de l’image de synthèse. Sans perdre leur talent, ni leur sens de l’humour et du récit initiatique.

Si Kensington vous laisse indifférents et que les grandes étendues blanches et froides vous paraissent plus exotiques, laissez-vous tenter par le « Happy feet » de George Miller, celui-là même qui a revivifié le cinéma australien, fin des années mil neuf cent septante, par sa trilogie sauvage et barbare des Mad Max.

Mumble est un pingouin qui ne sait pas chanter mais qui est né le rythme vrillé aux pattes. Ce qui fait le bonheur des spectateurs mais le désespoir de ses parents qui savent que l’originalité de leur bambin le condamnera à être mis au ban d’une communauté soumise aux diktats d’un sectaire gourou - allusion (?) à l’emprise croissante du fondamentalisme religieux dans nos sociétés.

Les aventures de Mumble séduiront les enfants et les adultes. Les premiers parce qu’ils y liront un message qui leur parle de la difficulté de rester soi-même et de surmonter préjugés et intolérance. Les seconds y trouveront une magnifique bande-son (Sinatra, Stevie Wonder, les Beach Boys et les Beatles) et des souvenirs liés à Fred Astaire, cet inégalé tap dancer dont la tenue de prédilection, le tuxedo, rappelle le pelage bicolore du manchot.

« Happy feet » est une nouvelle démonstration de l’invasion du fictionnel animé par les images de synthèse réalistes. Aussi performante que soit cette technique de la « motion picture », il est permis de la trouver lassante. Elle autorise une expressivité maximale il est vrai, mais au détriment d’une uniformisation qui périllise la relation d’attachement instinctif entre le spectateur et les vingt cinq mille (eh oui…) animaux qui s’activent sur l’écran.

S’il existe entre Mumble, Mad Max et Babe, ce petit bijou produit par Miller autour d’un porcelet, qui adore chanter « Blue Moon » après une journée passée à garder les moutons, un lien qui fait des outsiders les meilleurs vecteurs de changements sociétaux, il existe une particularité propre à « Happy feet » - celle de s’inscrire dans un regard consternant porté sur l’homme en train de détruire la planète par sa conduite irréfléchie et irresponsable.

La vie est plus facile si on la chante (Michel Sardou), elle est plus gaie si on la danse. Il n’est jamais superflu de nous le rappeler. Avec « Happy feet » c’est mission accomplie. (m.c.a)