Biopic
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GRACE DE MONACO

Olivier Dahan

Nicole Kidman, Tim Roth, Frank Langella, Paz Vega, …

103 min.
21 mai 2014
GRACE DE MONACO

Après s’être fait connaître avec La Môme (2010), Olivier Dahan s’intéresse à nouveau à l’histoire d’une femme, à celui de Grace Kelly. Mais loin de nous offrir un biopic, il nous propose une tranche de vie, une tranche qui fut déterminante dans l’histoire de Monaco, mais aussi dans la vie de l’actrice devenue princesse.

Olivier Dahan, dans une interview, explique s’être intéressé à l’incapacité de Piaf dans La Môme (*) de renoncer et qu’avec Grace Kelly il veut prendre le contre-pied et nous donner à voir de quelle manière elle au contraire est prête à tout abandonner pour le bien de sa famille et de Monaco. (**)

Le récit se déroule en 1962, année où les tensions entre la France et Monaco deviennent critiques. Cette même année Alfred Hitchcock (Roger Ashton-Griffiths) appelle Grace Kelly (Nicole Kidman) pour lui demander de revenir à Hollywood pour interpréter le rôle de Marnie (Marnie, Alfred Hitchcock, 1964), qu’il estimait qu’elle seule pouvait jouer. Mais dans ce contexte politique difficile, Grace Kelly ne peut quitter son mari, le prince de Monaco (Tim Roth), ni ses enfants. Elle finit par se plier aux exigences de la vie princière et sacrifie sa vie d’actrice de cinéma pour endosser un nouveau rôle, c’est-à-dire celui de princesse.

La scène d’ouverture est prometteuse et une des plus intéressantes du film. On y suit Grace, dont on ne voit que le dos, durant plusieurs minutes. On ne verra finalement son visage qu’au travers de son reflet dans un miroir. Telle est en réalité la véritable destinée de Grace, être une sorte de reflet d’elle-même, être en permanence en représentation de sorte qu’on ne parvient jamais à saisir son essence même. La princesse de Monaco n’est rien d’autre qu’un nouveau rôle qu’elle endosse et pour lequel elle doit répéter, de la même manière qu’elle le ferait pour un rôle au cinéma. Mais ce rôle, elle devra l’endosser jusqu’à la fin de sa vie en compromettant tout ce qu’elle est mais aussi tous ses rêves. Si esthétiquement, le film se révèle agréable à regarder, il manque cependant cruellement de consistance. L’épisode historique choisi n’est nullement inintéressant ou anodin, mais insuffisant pour en faire un film. Les dialogues en souffrent, ils sont tirés en longueur et sonnent creux.

Même si Nicole Kidman et Tim Roth se montrent encore une fois très bons, on pourrait se demander ce qui les a poussés à jouer dans un film aussi peu intéressant quant à la consistance des personnages. Si, de par son prestige et son glamour, Grace of Monaco convient parfaitement pour l’ouverture du Festival de Cannes, il n’en reste cependant pas moins décevant. Certaines scènes se révèlent efficaces, et certains plans très beaux, mais comme les dialogues, le film reste malgré tout terriblement creux.

(Astrid De Munter) 
 

(*) La Môme relate l’histoire d’Edith Piaf, interprétée par Marion Cotillard, de son ascension jusqu’à sa chute douloureuse.

(**) Voir dans son interview dans Le Soir, 21 mai 2014.