FLANDRES

"Rien ne passe par la parole".. le réalisateur avoue qu’il décrit une histoire avec des images et des sons. Ne dit-on pas que "le regard est, dans tout pays, un langage".

Il raconte le parcours d’un jeune homme fermier en Flandres, amoureux malheureux de son amie d’enfance. Il est mobilisé pour aller combattre sur un front oriental et en revient dramatiquement transformé. L’amour sauvera-t-il ce couple ?

La mise en scène est sobre, les gros plans des Flandres sont superbes. Le sujet importe moins que les choses qui l’entourent. Son travail cinématographique est proche de celui du peintre et dans ce domaine, Bruno Dumont est un peintre abstrait.

En regardant une peinture abstraite, on est entraîné dans une autre réalité ; on voit surgir des formes nouvelles venues de nulle part. Dans le film de Bruno Dumont, on est confronté à une autre réalité, des sensations nouvelles nous envahissent.

"Flandres" est donc une oeuvre abstraite : face à ce film expérimental, le spectateur doit faire lui-même le travail de scénariste. Des acteurs nons professionnels bien choisis gardent une part d’eux-mêmes et portent un regard authentique sur la guerre, le viol, la torture, la camaraderie et l’amour.

Si vous n’êtes pas rebutés par l’effort que vous devrez fournir pour suivre ce récit dérangeant pour comprendre cet ovni cinématographique aussi direct qu’antispectaculaire, vous apprécierez cette réalisation âcre, noir de noir qui laissera une marque durable dans votre pensée.

"Flandres" a remporté le Grand Prix du jury au Festival de Cannes 2006 et a été présenté au dernier Festival d’Amour de Mons. (k.d)