BARBARA

La beauté sauvera le monde. Et la beauté du cinéma est extraordinaire de par sa capacité de percer l’écran et de raconter une histoire aux couleurs pastel.

Lucide, forte, belle : Barbara  est le portrait délicat et extraordinaire de l’Allemagne de l’Est, déchirée entre un amour profond et égaré, et une réalité désolante.

Barbara est partagée entre sa vie et celle des autres.

Une histoire d’amour – amour pour la vie arrive difficilement à pénétrer, comme ici, le mystère d’une femme.

Christian Petzold, avec son 6ème long-métrage récompensé à la Berlinale 2012 avec l’Ours d’argent du meilleur réalisateur, nous offre une réflexion sur la centralité du rôle de la femme dans les dynamiques sociales et politiques.

Et rarement on a vu la RDA présentée de cette manière : le parcours humain s’appuie sur un sentiment de fragilité pour construire la confiance, à la recherche, comme le Wanderer, d’une vie heureuse qui, selon elle, est irréalisable.

Pourtant ce n’est pas une obligation morale qui retient Barbara mais la promesse, ici et maintenant, du bonheur.

Ici, comme dans La vie des autres (Florian Henckel von Donnersmarck, 2007), la sincérité du récit nous plonge dans ce monde déchiré. Le film défile devant nos yeux comme un tableau de Rembrandt : que voyons-nous et que voient les personnages du tableau ?

Mais Barbara ne nous lâche pas et toute la réalité respire avec elle.

Son histoire est bâtie sur une bande-son remarquable, et le son n’est que l’ouverture du regard. Les contours gris et fades laissent place aux paysages wagnériens : les flots, la nature, la campagne vivent avec Barbara, souffrent avec elle, et, leurs couleurs radieuses apportent au film sa substance envoutante.

Barbara capture et reconstitue les espaces vides ; à travers son voyage elle retrouve son visage et redonne forme et vie à une condition de peur et de méfiance où personne n’a la liberté nécessaire pour partir ou rester.

(Lucia)