Chronique familiale
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ADIEU BERTHE OU L’ENTERREMENT DE MEME

Bruno Podalydès (France 2012)

Valérie Lemercier, Isabelle Candelier, Denis et Bruno Podalydès

101 min.
20 juin 2012
ADIEU BERTHE OU L'ENTERREMENT DE MEME

Il ne pleut pas dans le dernier film des Podalydès.

Et pourtant même si la lumière et le soleil sont présents dans quasiment toutes les scènes, « Adieu Berthe » ne réchauffe pas.

Parce que le film n’est pas gai. Il a beau être ironique, jouer avec les mots pour en tirer un suc parfois savoureux, flirter avec poésie et sens du burlesque sur le ridicule des situations imposées par le quotidien, il est avant tout triste.

Triste et sans illusion - sauf celle peut-être que la mise à distance des choses et/ou leur détournement surréaliste ainsi que la politesse de donner à la mélancolie les couleurs de l’humour sont les seuls moyens de ne pas s’engluer dans les monceaux de difficultés qui plombent nos existences

Difficultés de vivre en couple, d’établir avec ses enfants des relations sereines, de s’occuper des parents qui vieillissent, d’accepter la mort, la maladie, les ruptures.

L’être humain y est comme une poupée vaudou. Transpercé de lames qui le font souffrir, douter, se questionner, se remettre en cause, hésiter.

Toujours sur le point de craquer, de ne pas savoir choisir mais aussi toujours prêt à s’accommoder de ce qu’il est.

Sans leurre sur ce qu’il vaut, sur ses capacités de se changer ou de changer les autres mais néanmoins prêt à rejoindre le flot de ses semblables dans le manège à la fois absurde et échevelé des relations amoureuses, amicales et familiales.

Les Podalydès ont un truc pour charmer. Un truc qui ne fait pas crac boum hue mais qui se trouve niché dans un accessoire de magicien, une « Valise des Indes » : un refus de quitter l’enfance et ses croyances en des tours de passe-passe qui font se volatiliser les intrus et minoriser la sujétion des rêves à la réalité.

Dans le fond ces deux-la, à la question posée par Paul Guimard à la fin de son beau roman « Les choses de la vie », « Est-ce que nous sommes vraiment des guignols… », pourraient répondre avec une détachée et souriante (*) modestie, OUI.

Nous, spectateurs nous souhaitons simplement qu’ils ne changent pas. (mca)

(*) "Souris puisque c’est grave" chante Alain Chamford.