A éviter

300

Zack Snyder (USA 2007 - distributeur : Warner Bros)

Gérard Butler, Lena Deadey, Rodrigo Santoro

115 min.
21 mars 2007
300

Il y a pire que les mauvais films. Ce sont les films mauvais. Ceux qui ne respectent ni l’Histoire, ni les valeurs qui fondent la démocratie. Qui flattent les instincts humains les plus primaires.

L’Histoire, d’abord. En 480 avant notre ère, trois cents guerriers, conduits par leur roi Léonidas, s’opposent à l’armée perse de Xerxès dans un défilé depuis célèbre, celui des Thermopyles.

Il ne reste de cet acte de vaillance et de résistance à l’envahisseur qu’un chapelet d’attitudes terroristes, dangereusement bellicistes présentant les Spartiates comme des psycho-killers et leurs ennemis comme des pervers cornaqués par une drag queen à côté duquel José Riviera (*) a l’élégance d’Audrey Hepburn. L’affiche, à elle seule, est un condensé du crépusculaire du propos : un guerrier en position christique sur un appel racoleur au combat "pour la gloire".

Le créateur de la BD qui a inspiré le film, Frank Miller (**) est au monde des pulps visuels ce que le poujadisme est à la droite classique. Un talent réel mis au service d’une idéologie réactionnaire et malsaine.
Zack Snyder, qu’on a connu en plus grande forme dans " Dawn of the dead", ne se contente pas d’utiliser les planches de sa muse « Miller » comme story-board, il en gonfle la doxa jusqu’à la nausée. Manichéisme, volonté propagandiste et boutefeu, racisme, pulsion de mort exacerbée, désacralisation des cadavres utilisés comme charniers-digues, karchers d’hémoglobine, débauches d’éventrations et de décapitations…. « 300 » relève d’un nouveau genre cinématographique : le tout-à-l’égout.

Quant aux valeurs démocratiques, elles sont rossées, malmenées, laminées avec un entrain nazifiant insupportable.

Que dire des acteurs ? Qu’ils atteignent un niveau négatif de jeu qui ferait sourire si leur absence
de dispositions n’était mise au service d’un projet aussi irritant.

Et ce ne sont pas les quelques prouesses techniques mises en avant par ceux pour qui le cinéma doit avant tout être un commerce rentable qui sauvent la mise. Au contraire elles soulignent la démagogie du propos en attirant l’attention des chalands sur un numérique clinquant, proche de celui des jeux vidéo, afin de mieux faciliter une adhésion à une poisseuse vision du monde.

Pascal Mérigeau, dans son livre « Cinéma : autopsie d’un meurtre » (***) » déplore que celui-ci soit de plus en plus « manipulé, capturé, supplicié, sans rien pouvoir faire, sinon gueuler pour alerter ».

Après la projection de « 300 » on a aussi envie de g…. Sur l’absurdité d’une époque qui valorise ce genre de produit et sur l’inconscience de ceux qui permettent à des enfants de voir ce film qualifié de E.A… (m.c.a)

(*) le travesti le plus célèbre des USA
(**) qui a déjà inspiré le nauséeux « Sin City »
(***) Ed. Flammarion