Pascale Ferran : ’Bird People’

Oscillant entre réalisme et onirisme, Bird People, le dernier film de Pascale Ferran, tisse et resserre les mailles d’un étrange patchwork. Oiseau cinématographique hybride, Bird People décrit la vie dans ce qu’elle a de plus ordinaire et la révèle dans ce qu’elle a de plus extraordinaire. La caméra suit le quotidien de gens pressés d’exister autant qu’elle décolle sur les ailes d’un volatile qui déploie son envergure dans la simplicité d’être. Bird People ne s’apprivoise pas nécessairement d’emblée. De grandes envolées cinématographiques succèdent à la banalité du quotidien, la réalité, filmée au ras du sol, côtoie les cimes de l’imaginaire, la liberté prend petit à petit ses aises et le réel devient planant. La révélation a lieu là où on ne l’attendait pas nécessairement, le miracle de la grâce opère si l’on se souvient « qu’il faut beaucoup de temps pour apprendre à voir car la vue est, de tous les sens, celui dont on peut le moins séparer les jugements de l’esprit ». Entretien éclairant et éclairé avec Pascale Ferran, une femme qui se livre avec générosité mais prudence tout en étayant ses réponses avec aisance et une grande sincérité.

Le choix du titre de votre film vous a-t-il été inspiré par l’expression « Free as a bird » ou avez-vous également songé à tous ces gens qui vivent sans cesse entre deux oiseaux d’acier et que l’on appelle en anglais « Bird people » ?

En fait, lorsque j’ai commencé à écrire ce film, je n’avais pas encore décidé de son titre. Le titre « Bird People » s’est imposé en cours d’écriture. Nous (Guillaume Bréaud et moi-même) recherchions un titre qui puisse relier les deux personnages principaux et évoquer tout simplement une histoire d’oiseaux. En français, aucune expression ne nous semblait exactement correspondre à ce que nous voulions faire passer. Le terme « people » élargit aussi le cadre de l’histoire : elle concerne deux personnages, mais peut, potentiellement, s’ouvrir à d’autres, notamment à une petite foule. Ce n’est qu’après avoir opté pour Bird People que j’ai appris que l’expression « Bird People » était utilisée en anglais pour désigner les gens qui vivent entre deux avions. Le hasard était donc formidable.

Le début de votre film (qui est à tout égard magnifique) fait songer à cette chanson de Starmania « Les uns avec les autres ». (On vit les uns avec les autres, on vit les uns contre les autres mais au bout du compte on est toujours seuls au monde). Une dimension qui met en exergue l’isolement et la méconnaissance des individus les uns envers les autres, et qui est également présente à d’autres moments dans votre film (le fait de choisir un hôtel, lieu de passage éphémère et impersonnel par excellence, l’histoire du réceptionniste…). Pourtant, paradoxalement, nous vivons dans une société dominée par la communication et dont les rapports ont été modifiés par les réseaux sociaux. Quel regard portez-vous sur cette société du « tout communicant » ?

Je n’ai pas très envie de porter un jugement à cet égard. Par contre, j’avais très envie de voir dans quelle mesure tout cela modifie nos comportements, y compris le mien, alors que je suis très peu présente sur les réseaux sociaux. (Enfin, là je me suis mise sur Facebook juste pour intervenir su la page de Bird People ; ce qui m’amuse d’ailleurs beaucoup !) Cela dit, j’ai un portable, je suis connectée à Internet et je constate que tout cela nous (me) modifie : notre rapport au temps a évolué et l’on passe beaucoup plus rapidement d’une activité à une autre que l’on ne le faisait par le passé. À titre personnel, cela ne m’est pas particulièrement agréable parce que je préfère me concentrer pleinement sur une seule activité, et je n’aime guère travailler en ayant plusieurs fichiers ouverts. Mais en fin de compte, je remarque que je m’y habitue du mieux que je peux et je m’y adapte. Je constate que notre rapport au monde, aux gens, à notre travail… ont été modifiés par tous les outils de communication dont nous disposons aujourd’hui. On a souvent tendance à ne les considérer que comme des outils et à faire comme s’ils ne provoquaient pas de changements radicaux sur les gens. Or, je pense que ces outils constituent une révolution en ce sens qu’ils produisent une forme de mutation de la civilisation. Il me semblait intéressant de les regarder en tant que tels, et de voir ce que cela modifie. Par ailleurs, il y a aussi le monde dans lequel on vit : la concurrence effrénée, l’hyper libéralisme, le stress, la pression… Et j’ai l’impression qu’avant même l’avènement technologique, c’est cette dimension d’un monde dur, pressurisant, parfois violent, qui abîme les liens entre les gens. Il est vrai qu’on a l’impression d’être en permanence connecté mais, dans le même temps, tenir un simple dialogue, être présent, créer un lien humain entre deux personnes… tout cela me semble plus rare qu’avant, probablement parce que l’on dispose de moins de temps pour ça. À titre d’exemple, il y a quelque chose qui me frappe terriblement à la télévision française (et dans une moindre mesure en radio) et qui, personnellement, me rend complètement dingue : il n’y a plus une seule émission où seul deux personnes dialoguent simplement ; c’est systématiquement l’affrontement entre deux personnes qui ne sont pas d’accord et qui, continuellement s’expriment sur le ton de la défensive ou dans la contradiction, sachant au préalable qu’ils ne disposeront pas d’assez de temps pour exprimer complètement le fond de leur pensée. Alors que dans le dialogue, la pensée peut jaillir ! Ce constat me terrifie et, je dirais même qu’il me rabaisse car j’ai l’impression que le travail de la pensée est devenu beaucoup plus difficile, n’est plus cultivé, voire freiné. Là, je m’éloigne du film… mais force est de constater (et c’est cela que Bird People observe) que l’on dispose de beaucoup moins de temps pour faire les choses comme il le faudrait ou comme on le souhaiterait, et que le monde tel qu’il est aujourd’hui (stressant, pressurisant…) mène à l’affrontement ou conduit à un repli sur soi. En conséquence, pour se protéger de ce monde « hostile », chacun se replie dans une petite bulle. Par ailleurs, et c’est aussi cette nouvelle donne que Bird People essaie de montrer, les frontières entre le privé et le public ont tendance à s’estomper, voire à ne plus exister. C’est ainsi que dans un espace de vie publique (une gare, un métro ou un aéroport…), chacun essaie, par réflexe de protection, de se reconstituer un bulle privée, et que l’on assiste à une addition de petites bulles évoluant les unes à côté des autres sans que la communication ne soit engagée, ne serait-ce que par le regard. (Et je ne m’exclus pas de ce comportement spécifique à notre époque.) À l’inverse, dans la sphère privée, le fait est que l’on est en permanence connecté et que d’une certaine manière, le monde entier pénètre dans notre chambre. Pour ma part, j’admets avoir un rapport problématique aux réseaux sociaux : l’idée de la transparence, la possibilité d’étaler sa vie privée dans la sphère publique et le risque de ne pouvoir effacer ses données et d’en être affecté durablement… tout ça me rend personnellement dingue. S’il me venait l’idée de créer une page personnelle sur Facebook, je la considèrerais comme un espace public, et je crois que je n’y communiquerais que des informations ayant trait à mon activité publique. J’entretiens un rapport très fort au secret.

Votre film laisse souvent à penser que nous vivons dans une sorte d’inconscience collective où rares sont les personnes à prendre conscience de l’ici et du maintenant. Il montre que nous évoluons au sein d’un un courant de vie dans lequel on est emporté, et duquel on ne plus prend le temps de s’extraire pour s’attarder sur la beauté du monde, voire sa bonté, sous son apparente banalité. Votre personnage principal m’a d’ailleurs fait penser à ces héros de la littérature anglaise moderne qui, dans le flux du quotidien, font l’expérience d’une sorte de révélation (ce que Joyce appelle un moment d’épiphanie ou un « moment of being » dans l’univers woolfien). Avez-vous l’impression que l’on manque cruellement aujourd’hui d’une capacité d’émerveillement et de contemplation ?

Ah oui, tout à fait, cela me paraît évident ! On n’en a malheureusement plus le temps. En tout cas, le problème de Gary est exactement celui-là, et c’est une chose dont je fais personnellement l’expérience. Lorsque je suis immergée dans une période frénétique de travail (et lorsque je fais un film, c’est le cas), je ne « vois plus rien ». Même si le travail que j’ai la chance de faire me permet de m’émerveiller « localement ». En ce qui concerne le personnage de Gary, c’est une évidence : il se rend compte qu’il ne voit plus rien ; il ne voit plus les gens, il ne voit plus les choses, la lumière, il ne voit plus la vie. De manière assez symptomatique, c’est d’ailleurs un homme qui, par souci d’efficacité, réside en périphérie de la ville, dans un hôtel qui ressemble à tant d’autres aux quatre coins du monde, et il passe donc sa vie dans une sorte d’interzone. Et même si l’on ne vit pas de manière aussi extrême que Gary, dès lors que l’on travaille beaucoup, on est emporté dans une sorte de frénésie qui nous empêche de voir le monde ou de bien le regarder.

Est-ce la raison pour laquelle vous avez opté pour approche « magique » dans votre film, en utilisant un moineau qui est à la fois un animal extrêmement banal mais aussi symboliquement fort ?

Pour moi, ce n’est pas magique ; c’est extrêmement réel. Selon moi, ce qui arrive à Audrey Camuzet, lui arrive réellement. Certes, il y a un passage dans une autre dimension, un autre état de conscience. Mais personnellement, j’entretiens un rapport de croyances très fortes aux histoires... Cela m’arrange toutefois très bien que l’on y voie de la magie ou du rêve. Le film fait tout pour que la subjectivité du spectateur soit la plus grande possible. Je tenais à ce qu’il y ait une irruption de l’imaginaire tout en parlant du monde d’aujourd’hui. C’est un imaginaire qui permet l’exploration du réalisme. Le désir, peut-être inconscient d’Audrey, de s’envoler correspond non seulement à ses aspirations profondes mais fait aussi probablement écho à un fantasme extrêmement répandu aujourd’hui, même s’il est indéniablement intemporel. Force est de constater que la pression et les contraintes que le monde actuel nous impose, sa pesanteur, nous invitent d’autant plus à un fantasme d’apesanteur. Je trouvais donc extrêmement intéressant de prendre ce désir d’envol au pied de la lettre, au sens le plus littéral du terme, et de voir ce qui en découlait et d’observer l’effet que cela pouvait produire sur notre regard à l’égard de l’humanité. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi un animal, un oiseau en l’occurrence, lequel ressemble beaucoup à Audrey : il est extrêmement discret, effacé ; c’est un petit être que personne ne voit. Je voulais aussi investir l’imaginaire parce que j’ai l’impression qu’il est sous-traité au cinéma ; or, il s’agit d’une dimension pour laquelle j’ai personnellement beaucoup d’appétit. Enfin, cette histoire me permettait de montrer le monde d’un point de vue un peu différent, en faisant un double pas de côté. De manière à ce que ce double pas de côté permette aux spectateurs de redécouvrir effectivement le monde avec une sorte d’émerveillement, avec l’espoir qu’après avoir vu le film, ils se remettent à regarder des choses qu’ils ne regardaient plus avant. Il y a là une tentative de redonner du regard ou de la vision aux spectateurs.

Qu’entendez-vous par « double pas de côté » ?

Du point de vue d’Audrey, c’est la possibilité de voir les choses de haut. Un point de vue qui, pour Audrey, est totalement réaliste compte tenu de ce qu’elle incarne. Mais à cela s’ajoute le fait qu’elle est très petite, ce qui lui permet de regarder aussi les choses au ras du sol, et cela crée inévitablement un effet d’étrangeté. Un effet d’étrangeté toutefois empreint de réalisme compte tenu de sa petite taille. Ce double angle de vue sur le monde me permettait d’en élargir le spectre.

Votre héros abandonne tout, et pourtant, contrairement à ce que l’on voit habituellement, il n’adopte pas le comportement d’un lâche. Il quitte tout, en ce compris femme et enfants (ce qui est très dur quand on y songe) mais on ne peut s’empêcher d’y voir une certaine forme de courage. Il ne délaisse pas son épouse pour une autre, et ce faisant, il ne s’abandonne pas à une certaine forme de complaisance …

Le film joue, en effet, à plusieurs moments, sur l’ambivalence ou la polarité. En ce sens, Gary est un drôle de personnage qui, de fait, se montre absolument héroïque. Héroïque parce que son désir de tout abandonner est en fait une pulsion de vie. Lorsque j’en discutais avec Josh, qui incarne le personnage de Gary, nous nous disions que, pour ce personnage, commettre le geste de tout abandonner était une question de survie. Dans son cas, s’il ne fait pas quelque chose d’absolument radical, les choses risquent de se passer très mal pour lui. Et, en effet, il y a une forme de courage chez Gary qui prend la forme d’un désir absolument existentiel, c’est-à-dire de recentrer sa vie et de la remettre en accord avec lui-même. Et ce que je trouve très beau chez Gary, c’est qu’il n’abandonne pas sa femme pour une autre mais qu’il le fait par nécessité existentielle. Il a impérativement le besoin de passer par une sorte de vide, voire de s’y immerger, avant que son espace existentiel puisse de nouveau être rempli par de nouvelles choses. Ce vide lui permet d’ouvrir son horizon et d’élargir radicalement sa disponibilité au monde et aux autres, car il s’est rendu compte qu’il était arrivé dans une impasse au creux de laquelle il ne voyait plus rien. Cela étant, la volonté de Gary de tout quitter n’est pas sans dommages. Son geste est d’une extrême violence pour son entourage, notamment, pour son épouse, qui est complètement sidérée. Mais je ne voulais pas cacher cette violence. Car si pour Gary son comportement est libérateur et salvateur, dans le même temps, il est extrêmement destructeur, en particulier pour sa femme. Et il m’importait vraiment de ne pas passer tout cela sous silence. Je voulais également que le spectateur puisse s’identifier à l’épouse de Gary, qu’il rencontre sa tristesse et le chagrin que lui cause ce geste. Car même si l’on sent bien que l’histoire de ce couple en crise est relativement banale en ce sens qu’il battait de l’aile depuis un certain temps, je ne voulais pas atténuer la brutalité de son geste pour les autres. Il y a un arrachement et une douleur qui sont à l’œuvre dans cette scène qu’il me semblait important de montrer. Quelques uns y verront peut-être l’image d’Épinal d’un homme qui éprouve des difficultés à parler de ses sentiments, et qui est forcé, sur l’insistance de son épouse, à s’exprimer. Et pourtant, je me sens personnellement très proche de Gary. Et j’aime cette scène où deux individus vivant une « même » angoisse, réagissent différemment : lui essaie de se retrancher dans le silence, et elle, au contraire, a besoin de parler pour exorciser l’angoisse. Cependant, le ton monte progressivement et Gary, poussé à bout par les questions de son épouse, finira par lui dire des choses absolument terribles. Mais une fois que tout est dit, c’est mieux pour l’un et l’autre.

Votre film prend l’allure d’un conte moderne dès l’entrée en jeu de la voix off de Mathieu Amalric. Cependant, le dénouement de votre film ne se clôture pas sur une fin traditionnelle… Est-ce votre manière de nous rappeler que le miracle du bonheur peut aussi s’opérer ailleurs que dans la rencontre de l’amour ?

Je n’aurais pas formulé les choses comme cela mais c’est tout à fait intéressant. Je voulais effectivement m’arrêter en deçà de la question de l’amour (après, les spectateurs peuvent s’imaginer ce qu’ils veulent ; je dirais que cela ne me regarde pas). Je voulais en effet situer la fin au moment où Gary et Audrey se reconnaissent grâce à l’expérience différente qu’ils ont vécu individuellement. Une expérience qui les a transformés et qui leur a permis de redevenir plus humains, d’être habités d’une humanité plus dense, plus pleine, plus présente. Le film se termine sur la rencontre fugace d’une reconnaissance, qui est de l’ordre de l’alliance ou de la fraternisation. Après, libre au spectateur de s’imaginer que cet échange éphémère débouchera sur une rencontre amoureuse, mais spontanément, ce n’est pas mon opinion.

À un moment donné, vous jouez sur le mot « personne », qui, en français, a deux significations contraires. Pensez-vous que nous vivons à une époque où, de plus en plus, l’individu est englobé dans un « tout le monde » uniforme ou uniformisé, qui, in fine, mène à un « personne » déshumanisé et dilué dans la masse ?

Oui, je crois en effet que l’on tend vers ça aujourd’hui, plus qu’il y a dix ou vingt ans. J’ai de fait l’impression qu’il y a une déperdition des valeurs humanistes et que les valeurs marchandes ou commerciales prennent continuellement le pas sur tout. Bird People commence par cette dissolution (à travers les images de foule) et y repasse à d’autres moments. Vue d’en haut, une foule, c’est en effet « personne » dans la mesure où l’on ne distingue pas les individus qui la composent. La foule peut ainsi être perçue comme un essaim, une nuée ou un troupeau. Ne voyez pas dans mon usage du mot « troupeau », une connotation péjorative ; j’aime beaucoup les vaches ! (rires) Et je fais d’ailleurs partie moi-même du troupeau. Le point de vue change dès le moment où on se place au milieu de la foule car on y voit clairement des individus côte à côte. Bird People observe en effet le rapport étrange entre le collectif et l’individu, sachant que nous vivons à une époque peu glorieuse où les pratiques collectives sont particulièrement difficiles à inventer. Il y a cette impression que l’on n’est plus vraiment représenté collectivement et que l’on peut seulement s’en sortir grâce à des gestes individuels, ce qui est vrai et faux à la fois car le collectif demeure l’addition de plusieurs individus. Bird People n’a toutefois pas la prétention de détenir un quelconque savoir en la matière ; il ouvre le champ au questionnement et à la rêvasserie, plus qu’à la réflexion à proprement parler.

Nul ne niera que notre civilisation vit une crise économique, financière, sociale, existentielle, à laquelle le cinéma n’échappe pas non plus. A votre avis, quel rôle doit jouer la culture face à cette déliquescence ?

Il faut absolument qu’elle tienne bon (je parlerais plutôt d’art que de culture). Il faut impérativement qu’elle continue à chercher, à innover, à offrir des représentations du monde qui soient les plus proches du monde dans son intime vérité tout en ne lâchant pas prise sur la question de l’imaginaire… sans « en rabattre sur rien ». Il est décisif qu’elle puisse continuer à rêver à autre chose. Il faut absolument qu’aucun des horizons naturels de la culture ou de l’art ne se bouche. À titre personnel, c’est ce que je voulais essayer de faire : ne lâcher sur rien. Ne pas penser que les gens sont devenus bêtes ou croire que le monde va tellement mal, qu’il ne faut dès lors créer que des œuvres qui soient immédiatement utiles. C’est ça que j’appelle « n’en rabattre sur rien ! ». Elargir l’horizon des gens là où on a l’impression qu’il se réduit. Pour ma part, à travers Bird People (et je ne veux pas l’inclure dans un discours généraliste), je voulais non seulement décrire la vérité du monde actuel dans sa dureté et sa violence, mais aussi faire passer le message qu’il ne faut pas désespérer. J’espère en tout cas qu’en sortant du film, le spectateur sera plus content qu’à son arrivée dans la salle. Je souhaite que son horizon se sera élargi, que le film lui aura redonné de la vision, de l’air, de l’espoir, la capacité de rêver, qu’il lui aura redonné une forme d’émerveillement et de poésie sur le monde.

(Propos recueillis par Christie Huysmans)