Bio-fiction
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THE RUNAWAYS

Floria Sigismondi (USA 2010)

Kristen Stewart, Dakota Fanning, Stella Maeve, Scout Taylor-Compton

109 min.
15 septembre 2010
THE RUNAWAYS

Le droit, c’est bien connu, mène à tout. A condition d’en sortir. Le rock, lui aussi, mène à tout. Et même ... au droit.

La preuve : la bassiste du groupe de rock de la côté Ouest des Etats-Unis dont le film retrace l’épopée est aujourd’hui avocate. Raison pour laquelle elle n’a pas souhaité que son nom figure au générique ?

Biopic de qualité, éloigné de tout emphase hagiographique, « The runaways » est l’histoire d’un engagement de 4 ans - « tout pour la musique » comme le chante France Gall - au cours duquel 5 filles, encore adolescentes et plutôt rebelles, vont réussir une percée spectaculaire dans le monde du show bizz rock-en-roll des années 1970 résonnant jusque-là de riffs exclusivement masculins.

Comme dans n’importe quelle collectivité, grande ou petite, des personnalités se dégagent. Parce qu’elles sont plus séduisantes, plus fortes, plus excessives.

Dans ce duo qui sort du lot, deux actrices punchy qui surprennent et qui bluffent : Kirsten Stewart, la « Bella » de la saga Twilight et Dakota Fanning, la petite fille se Sean Penn dans « I’m Sam » de Jessie Nelson.

Fidèle aux légendes qui veulent que le rock ne rime ni avec bégueule ni avec collet-monté, « The Runaways » électrifie et éclate d’énergie.

Une énergie féroce et (bi)sexuelle, toile de fond d’un combat pour s’approprier les mêmes droits que les garçons à la défonce et à l’extravagance scénique.

Mais la célébrité n’est pas une « easy cup of tea ». Résister à une suite de déplacements incessants, de nuits blanches, de vie nécessairement communautaire est une paire de jeans bien plus difficile à enfiler que gratter de la guitare devant un public enthousiaste.

C’est pourquoi, très vite - en moins d’un lustre - les tensions éclatent et le groupe se sépare.

« Ni Putes ni soumises » … ni équilibrées, ni heureuses, « The runaways » n’échappe pas aux couplets sur la fragilité d’une puberté vécue sans structure ou écoute attentive d’un adulte ni aux idées reçues sur un monde musical que, depuis les Doors, on sait être addicté aux drogues, à l’alcool et à la facile débauche.

Ces redondances sont largement rédimées par une bande son pétrolante qui fait la part belle à David Bowie et aux Sex Pistols et par un travail méticuleux d’accessoiriste qui redonne à l’époque ses objets fétiche, ses tenues en cuir moulantes, ses couleurs dont l’éclat se ternit au fur et à mesure que la tragédie de la déchéance s’empare du quintet.

Si le désir de liberté qui flotte sur « The runaways » lui confère un côté MLF attachant (**)- dont les Madonna, Lily Alleen et autre Lady Gaga sont toujours les bénéficiaires - ce deuxième film de la photographe et auteure de clips videos musicaux (*) Floria Sigismondi est nimbé d’une lumière crépusculaire

Fittzgéraldienne qui rappelle, avec une lucidité mi bienveillante mi consolante, que « toute vie est un processus d’autodestruction » (mca)

(*) sur Sheryl Crow et David Bowie notamment 

(**) un côté de "meneuses de bal" bien éloigné de celui de "suiveuses" incarnés par Susan Sarondon et Goldie Hawn, simples groupies de rock stars dans "The banger sisters" de Bob Dolman.