Comédie
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STARBUCK

Ken Scott (Canada 2011)

Julie Le Breton, Patrick Huard, Antoine Bertrand

109 min.
20 juin 2012
STARBUCK

« Starbuck » c’est comme un forsythia dont les couleurs éclatantes illuminent un quotidien indécis.

Son entrain, sa bonne humeur, sa drôlerie font mouche sans occulter des questions plus graves relatives à la paternité et au besoin de connaître ses racines.

Un grand dadais de 40 ans, immature et apathique, apprend qu’il est le géniteur « in vitro » de 533 enfants dont un quart a décidé d’entreprendre des recherches pour connaître celui auquel ils doivent la vie.

A partir de cette anecdote farfelue, inspirée des prouesses d’un taureau, roi de la fécondation dans un centre canadien d’insémination artificielle dans les années 1990, le cinéaste ensemence un film qui mélange comédie et (mélo)drame, sans jamais perdre de vue son envie de nous toucher en nous faisant rire.

Même si les ficelles et recettes faciles et répétitives qui font de « Starbuck » un produit à la solde d’un point de vue idéalisé voire gentiment conservateur - il n’existe pas, pour vivre heureux, de lieu plus douillet que la famille -, sont parfois un tantinet agaçantes et inutilement appuyées, elles n’arrivent pas à nous faire grincer des dents.

Sans doute parce que les acteurs sont épatants, les dialogues vifs, les gags pimentés et les thèmes abordés sympathiquement défendus - comme dans un conte de fées dans lequel tous les problèmes finissent par s’arranger.

Des thèmes plus graves sont bien ici ou là évoqués - l’immigration, la vulnérabilité amoureuse, l’endettement, la tension entre frères, la mort, l’irresponsabilité - mais ils le sont avec le souci manifeste d’en désamorcer les aspérités ou angles douloureux.

Pour les noyer dans un pot de miel dans lequel on prend plaisir à barboter pour se désaturer d’une réalité ambiante trop souvent plombante et sans espoir.

Arriver à faire de la naïveté et de la bonhommie des armes émotionnelles pour aborder un problème aussi délicat même s’il est légitime que celui du désir pour des enfants adoptés de connaître leurs parents biologiques est une forme de prouesse.

Qui mérite d’être saluée au même titre que l’audace tragi-comique avec laquelle des films comme « Transamerica » ou « Little Miss Sunshine » (*) ont traité de sujets épineux, la transsexualité et le suicide, avec un knack qui fait autant sourire que réfléchir. (mca)