Coup de coeur mensuel
2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s)

Coup de coeurSNOW CAKE

Marc Evans (USA/GB/Canada 2006 - distributeur : A-Film distribution)

Sigourney Weaver, Alan Rickman, Emily Hampshire, Carrie-Anne Moss

112 min.
14 mars 2007
SNOW CAKE

Si la souffrance est constitutive de l’être humain, elle n’est pas nécessairement inscrite pour toujours dans son âme et dans sa chair. Elle peut s’atténuer au contact des autres.

Cette expérience d’ « altérothérapie » Alex va la vivre dans un petit bled perdu au fin fond de l’Ontario/Canada où il est venu annoncer à Linda, une quinquagénaire autiste, que sa fille a été tuée dans un involontaire accident d’auto. Mort dont il se sent néanmoins en partie responsable parce qu’il avait pris la jeune fille en stop.

Durant une parenthèse de quatre jours, cet homme, porteur d’un douloureux secret, va réapprendre à aimer, à partager des émotions, à envisager l’avenir avec une sérénité qu’il n’avait plus connue depuis longtemps.

Le scénario, a priori tire-larmes, sait éviter les pièges du sentimentalisme et de l’apitoiement grâce au fonctionnement sensible du duo Alan Rickman/Sigourney Weaver (*).

Celle qui a commencé sa carrière par une apparition dans un film de Woody Allen (« Annie Hall »),
conquis le monde par son interprétation « culottée » du lieutenant Ripley dans « Alien » (de Ridley Scott) est impressionnante dans le rôle de cette mère dont on se demande si elle comprend que sa fille est décédée.

Par son innocence, son regard particulier sur les choses et les êtres, elle va, peu à peu, fissurer
l’opacité d’Alex. Par sa franchise, son obstination aux plaisirs simples elle réveille en lui une tendresse soigneusement enfouie.

Alan Rickman touche par sa délicatesse à être cet homme qui, au contact d’une femme qui ne supporte aucun changement dans son quotidien, est amené à se transformer et à élargir ses
perspectives sur la vie.

« Snow cake » est un film pudique, à la mise en scène souvent poétique et au scénario finement écrit.

La neige y occupe une place de choix - reflet sans doute de la pureté de l’héroïne. Linda aime et nous fait aimer le livre que le photographe Wilson Bentley a consacré aux flocons de neige (**). 

L’ étrangeté de cette femme, sans doute parce qu’elle est un écho à la bizarrerie d’Alex, redonne à ce dernier le goût de vivre qui le poussera, avant son départ, à créer une gourmandise à laquelle même Marcolini n’a pas pensé : le gâteau de neige. A conserver au congélateur et à déguster bien froid. Il fait autant de bien au mangeur qu’au « cuisinier ». (m.c.a)

 

(*) Duo qui rappelle, en plus sobre, celui de Tom Cruise et Dustin Hoffman dans "Rain man" de Barry Levinson.
(**) pour ceux qui ne connaissent pas ces photos magiques consulter le site www.snowflakebentley.com