Drame intimiste
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Coup de coeurSHAME

Steve McQueen

Michael Fassbender, Carey Mulligan, James Badge Dale, Nicole Beharie, Lucy Walters, ...

101 min.
11 janvier 2012
SHAME

"We’re not bad people, we just come from a bad place." *  Brandon, cadre New-Yorkais, mène une vie de célibataire assouvissant ses compulsions sexuelles par tous les moyens qui lui sont accessibles. Il voit surgir dans son appartement sa soeur Sissy, en recherche éperdue de repères pour éviter de regarder en face le désarroi qui réside en elle, désespérance partagée par ce frère qui refuse le moindre lien. Face à l’autre, Sissy cherche elle aussi quelque chose, de l’ordre de la reconnaissance, comme une addiction pour se sentir en vie.  Dans son incarnation d’un homme à la dérive, Michael Fassbender est fantastique dans sa mise à nu, au propre comme au figuré. Il dresse le portrait impitoyable d’un homme en proie à des démons qu’il ne peut contrôler, un homme en recherche d’une sexualité sans fin, d’un accomplissement qu’il ne trouve jamais ou ne parvient à atteindre que de manière ponctuelle. La sexualité qu’il mène, même la plus marginale, est explorée sous toutes ses coutures. Son jeu met en évidence l’agonie des dépendances, l’impuissance à y résister, la soumission pour les laisser nous habiter. Car l’addiction sexuelle est comme toutes les autres addictions, ni plus, ni moins. Elle est un moyen de ne pas faire face au vide en soi, de ne pas l’affronter, de fuir et de se conforter dans un terrible cercle vicieux qui n’en finit jamais. Face à cet homme incapable de supporter l’intimité ou la proximité d’un autre, vacille une autre âme, celle de sa soeur, interprétée par Carey Mulligan, une actrice vibrante dont les choix interpellent et fascinent, à la manière de ceux de Michelle Williams. Steve McQueen est de ces réalisateurs magnifiques qu’on a envie de remercier, de ceux qui abordent, à bras le corps, tout ce que cela demande de talent, de courage et de tripes, pour explorer les aspects les moins confortables d’une société en déséquilibre. C’est avec beaucoup d’empathie qu’il ausculte la détresse de ses personnages en errance. Shame est un film cru, tranché, net, sans concessions ni demi-mesures. Il est de ceux qui ne peuvent laisser indifférent. Un film brut, parsemé de non-dits et de non-résolutions. Alors, pour trancher, la seule solution est de vous faire votre avis par vous-même. (Ariane Jauniaux) * Phrase prononcée dans le film par Sissy, la soeur de Brandon.