Tranche de vie
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SELON CHARLIE

Nicole Garcia (France 2006 - distributeur : Les Films de l'Elysée)

Jean-Pierre Bacri, Vincent Lindon, Benoît Poelvoorde, Benoît Magimel, Ferdinand Martin, Patrick Pineau, Arnaud Vabis

120 min.
23 août 2006
SELON CHARLIE

Selon Charlie ou selon Nicole ?

En 1989 dans son « Un Week-End sur Deux », Nicole Garcia évoquait, avec une justesse étonnante pour un premier film, les fragilités d’une femme divorcée.

Depuis lors, fors « Place Vendôme », la réalisatrice a plutôt choisi de concentrer ses attentions sur un univers masculin dont elle explore les faiblesses et les vulnérabilités. Sans pour cela se désintéresser des rôles féminins qui apparaissent tantôt comme des révélateurs tantôt comme des rédempteurs aux crises existentielles de leurs compagnons.

Dans « Selon Charlie », six hommes en crise, parce qu’ils vivent en marge de leurs désirs, sont observés par le fils de l’un d’eux, auquel n’échappe aucun de leurs compromis et de leurs petites lâchetés face à la tyrannie d’un quotidien dont ils sont lassés

Ces hommes (dont un Poelvoorde et un Lindon à la photogénie émotionnelle en complet accord avec le propos scénaristique), vont durant 3 jours, suite à d’inattendus concours de circonstances, se trouver confrontés à la fois à leurs masques et à leurs manques.

Ecartelés entre ce qu’ils veulent et que les autres veulent pour eux, il devient vital pour chacun, s’ils veulent se remettre en marche, de poser un acte qui leur permettra de vivre selon leur désir et non de vivoter à côté de celui-ci.

Garcia pose sur ces hommes un regard qui, sans avoir le sens de la corporalité de Catherine Breillat ou la distance désenchantée de Jeanne Labrune, ne fait l’impasse ni sur leur médiocrité, ni sur leur procrastination neurasthénique.

Ce qui donne sens à ces histoires de traverse, parfois un peu diluées et convenues (n’est pas Claude Sautet ou Agnès Jaoui qui veut),c’est un jeu. Un jeu auquel Charlie joue inlassablement parce qu’il ne demande aucun partenaire et que dès lors il symbolise le repli égoïste des héros sur eux-mêmes : le boomerang.

Cette pièce de bois ne renvoie pas seulement à l’isolement de chacun, mais elle symbolise aussi
l’absence de but des personnages puisqu’en bout de course le boomerang revient à son point de départ.

« Selon Charlie » c’est aussi la nécessité parfois, à l’aube de l’adolescence, de poser un acte cruel qui signera l’adieu à une enfance qui ne reviendra pas et d’accepter ainsi d’entrer dans le monde des adultes malgré les réticences éprouvées à leur égard.

Pour Freud c’était la femme qui était une « terra incognita » pour Garcia c’est l’homme qui est une énigme. Et si en fait c’était tout simplement l’autre , quel que soit son sexe, qui était un mystère ? (m.c.a)

Site officiel du film