Jamie Bell, Andy Serkis, Daniel Craig
On pourrait croire que l’adaptation d’une bande dessinée belge par un réalisateur américain donnerait un résultat de tout ou rien. A notre grande surprise, le Tintin de Spielberg parvient à échapper à cette dichotomie et à se placer quelque part entre les deux.
Le père de E.T. ne manque pas de faire honneur à notre personnage national : le générique est à lui seul une déclaration d’amour au petit reporter à houppette, dont Spielberg semble connaître les aventures par cœur.
L’histoire est connue (certes remaniée, mais assez fidèle à l’originale) et donc, aussi, un peu superficielle : deux aventuriers partent à la recherche d’un trésor. Le fil narratif qui se développe assez bien par la bande dessinée a un rendu beaucoup moins convainquant à l’écran, aussi animée l’image soit-elle. Techniquement parlant, cette esthétique impressionne et permet au réalisateur d’allier des gags typiquement « dessinés » à des séquences plutôt réalistes ; en pratique cependant cette hybridation provoque confusion chez un spectateur qui ne sait dans quel système de croyance s’inscrire. Au final, il n’entre dans aucun des deux formats, a du mal à s’identifier aux personnages et doit bien se contenter de suivre en surface des péripéties, certes amusantes, mais assez artificielles.
Steven Spielberg est l’ultime magicien donc chaque performance promet habituellement d’extirper du néant intérêt, divertissement, frissons et émotions ; son Tintin ne peut cependant garantir que des rires. Le public ne s’ennuiera pas (et que demander de plus ?) mais force est de constater que le lapin hybride que notre prestidigitateur cinématographique a sorti de son chapeau ne devrait pas éblouir les foules outre mesure.
(Aurélie Waeterinckx)