Comédie sentimentale
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DESACCORD PARFAIT

Antoine de Caunes (France 2006 - distributeur : Victory Flms)

Charlotte Rampling, Jean Rochefort, Isabelle Nanty, Ian Richardson, James Thiérrée

91 min.
8 novembre 2006
DESACCORD PARFAIT

On peut aller au cinéma, comme on va au théâtre, juste pour voir des acteurs. C’est le côté proche du cannibale du cinéphile : absorber l’autre par la vue.

Louis Ruinard (patronyme auquel l’excellent Jean Rochefort réussit à donner une vie épatante mêlant à la fois le décati de la ruine et l’envie de musarder du renard) et Alice d’Abanville comme la Lady de la chanson Top Ten des années soixante) se sont aimés il y a longtemps. Ils se retrouvent à l’occasion d’une remise de prix.

Il était un cinéaste avant gardiste, elle était son actrice-muse. Un peu comme si Godard retrouvait Karina, l’humour et la légèreté en plus.

Evidemment « Désaccord… » n’est pas un grand film, un de ceux qui laissent des traces et élargissent le regard que l’on porte sur le monde. Mais il est un film plaisant, ce qui est déjà beaucoup, voire réjouissant pour les esprits non chagrins qui aiment qu’on leur parle d’amour, de vie et d’envie.

Le film n’est pas qu’une déclinaison « people » sur les retrouvailles de deux monstres sacrés, il est un regard, la plupart du temps tendre et lucide, sur le temps, ce catalyseur impitoyable qui révèle autant l’éventuelle solidité des sentiments que la fragilité des corps qui se fripent, se rident et s’effilochent. Pour de Caunes avoir 3 fois (et plus) 20 ans n’est pas un frein au désir de bousculer une existence balisée. Les plaisirs sensuels n’ont pas d’âge et quand ils se réveillent les sexagénaires redeviennent sexy.

« Désaccord… », s’il sacrifie à certains paramètres british (le lord homosexuel, le valet soumis et libertin, le château) rappelle les confrontations des couples de légende cinématographique américaine Spencer Tracy/Katharine Hepburn dans « Adam’s rib » de George Cukor ou plus récemment Jack Nicholson/Diane Keaton dans « Something’s gotta give » de Nancy Meyers.

3 atouts font de ce film un agréable divertissement : son ton, burlesque et superficiel ; son énergie qui rend indulgent aux faiblesses convenues du scénario et sa symbiose sympathique entre deux comédiens unis par leur opposition : elle allurée et ironique, lui charmeur et excentrique.

Si vous n’avez pas besoin, pour passer un moment aéré de distraction, de voir un film qui soit, sur la forme et le fond, parfait, les imperfections de celui-ci vous plairont.(m.c.a)